La majorité des données liées aux politiques publiques se trouvent en accès libre sur internet, sur le site Data.gouv.fr. Mais ces milliers de lignes de code sont illisibles pour les néophytes. La datavisualisation permet de faire parler ces données, et devient ainsi un outil démocratique à la portée des citoyens.
Données : quand l’Etat les met à disposition du public
Qu’y a-t-il de commun entre les grands projets de centrales voltaïques dans le Rhône, les créneaux de vaccination contre le Covid-19 sur Doctolib ou encore… les prénoms donnés à Ville d’Avray depuis 2003 ? Tous font l’objet d’un jeu de données librement consultables par tout internaute, sur le site gouvernemental Data.gouv.fr. Mais un problème subsiste. Pour comprendre les données mises à disposition, il faut se plonger dans des lignes et des lignes de références. Et ces dernières semblent indéchiffrables à l’oeil nu.
La datavisualisation, outil à la disposition des citoyens pour faire parler les jeux de données
La datavisualisation entre alors en scène. Elle permet en effet de représenter visuellement des données qui, sans elle, auraient été inutilisables. Et devient ainsi un formidable outil citoyen au service de la démocratie. “Mises à disposition du public, les données ouvertes découvrent un champ potentiel de connaissances et d’utilisations multiples. Et cela dans une perspective technologique de « smart city », mais aussi de démocratie participative, à tous ceux qui sont en capacité de les appréhender et d’en faire usage”, développe ainsi Anne Lehmans, professeure en sciences de l’information à l’université de Bordeaux.
L’exemple le plus frappant de la puissance citoyenne des données ouvertes est récent. Il s’agit du projet Covid Tracker. Ce projet, dont vous avez sans doute entendu parler, permet de connaître en un clin d’œil la proportion de Français vaccinés, le nombre de vaccins restant à administrer avant d’atteindre l’immunité collective… Ou encore le nombre de doses de vaccins réceptionnées par la France.
Derrière ce site d’intérêt public, l’initiative d’un data-scientist spécialisé dans le traitement des données de masse : Guillaume Rozier. Le jeune ingénieur a profité du temps libre laissé par le travail pour fonder, au cours de son stage de fin d’études, un site d’utilité publique. En effet, sa création permettait aux internautes de comparer l’évolution de l’épidémie entre différents pays. Avec cette initiative, le jeune homme est devenu l’un des premiers citoyens à utiliser la datavisualisation à grande échelle lors de la crise sanitaire.
Covid Tracker, ou comment la dataviz devient un outil citoyen
Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Encouragé par l’engouement suscité par son initiative suivie par le Président de la République en personne, Guillaume Rozier s’est par la suite plongé dans les jeux de données disponibles sur Open Data. Ainsi, il a pu multiplier les indicateurs de suivi sur son site… Et fait de ce qui ne devait être qu’un simple Side-project une plateforme suivie par des millions de français chaque jour. Grâce à son utilisation citoyenne de la datavisualisation, Guillaume Rozier est aujourd’hui suivi par des milliers de personnes sur Twitter, et est régulièrement invité sur les plateaux de télévision.
Son projet, loué par le grand public, a également été utiles aux services hospitaliers. Dans un post publié sur Linkedin, le directeur de l’hôpital de Grasse, Walid Ben Brahim, félicite le jeune homme pour son initiative. Selon son directeur, le centre hospitalier de Grasse a bénéficié de cet outil permettant “une analyse visuelle et intuitive des chiffres de l’épidémie et ainsi prendre les meilleures décisions en cellule de crise”.
De la datavisualisation à la légion d’honneur
Mais le jeune ingénieur ne s’est pas arrêté là. En février, il a également créé le site Vite Ma Dose. Le principe ? Un site couplé d’une application permettant de rassembler les créneaux de vaccination disponibles autour de chez soi et sur diverses plateformes, telles que doctolib. Le but ? Faire en sorte qu’aucune dose ne se perde, et mettre fin aux centaines de doses perdues chaque jour. Le succès a aussitôt été au rendez-vous, et le site a été relayé par Emmanuel Macron sur Twitter. Par la suite, un député a proposé que le jeune homme de 26 ans reçoive la légion d’honneur ou soit décoré de l’ordre national du mérite. C’est chose faite depuis le 22 mai.
Pour autant, le jeune homme n’est-il qu’un cas isolé ? Il y a fort à parier que non. Sur son site, le portail data du gouvernement incite les internautes à créer leur propres datavisualisations… Et publie les meilleures d’entre elles. Et si vous deveniez le prochain héros citoyen de la datavisualisation ?