L’essor de la digitalisation met sur le devant de la scène une réalité trop longtemps ignorée : la dette technologique. Trop souvent ignorée par les entreprises, la dette technique engendre pourtant des pertes colossales et un déficit d’innovation préjudiciable. Qu’est-ce que la dette technologique et comment l’éviter ? Le point avec Values Associates.
Qu’est-ce que la dette technologique ?
La dette technologique, ou dette technique, est un concept du développement logiciel. Ce dernier a été inventé par Ward Cunningham en 1992. Il fait référence au fait que le choix d’une solution technologique non adaptée ou peu agile peut entraîner d’importants surcoûts… Et des difficultés dans le temps long. Failles informatiques menant à des cyberattaques, manque de fonctionnalité des applications, architectures réseau peu adaptées à l’essor du travail à distance… Le coût de la dette technologique s’illustre ainsi de multiples manières.
Dans une tribune publiée dans le quotidien Les Echos, François Rachez, Directeur Avant-vente chez Avaya France, explique la dette technique avec une métaphore astucieuse. “La dette technologique peut être comparée à un vieux véhicule. Bien que ce dernier soit amorti et que son moteur fonctionne, il consomme trop de carburant et génère des coûts de réparation élevés”, explique M. Rachez. “La sécurité de la voiture n’étant pas garantie, les projets de vacances sont limités, sans la certitude de pouvoir mener sans dommages l’aller-retour jusque dans le sud de la France. De même, la dette technologique a un coût significatif en ce qu’elle réduit l’agilité”, conclut-il.
Une menace pour l’innovation
Ses observations s’appuient sur une étude menée auprès de 500 responsables informatiques dans dix pays – dont la France. “Une majorité (69 %) des responsables informatiques affirment que la dette technique constitue une limite fondamentale à leur capacité d’innovation, tandis que 61 % déclarent qu’elle pèse sur les performances de leur entreprise et 64 % qu’elle continuera à avoir un impact majeur à l’avenir”, lit-on ainsi dans le rapport tiré de cette étude.
Dans le secteur public, la dette technologique a été pointée du doigt par la Cour des Comptes, qui enjoint les ministères à rattraper leur retard en terme d’innovation… Tout en réduisant leurs coûts de fonctionnement informatique. Ainsi, dans le secteur privé, la dette technologique est un cercle vicieux. Pour la productivité des entreprises, mais également… Pour le bien-être des équipes informatiques. En effet, au lieu de se concentrer sur leur coeur de métier, la dette technologique les contraint à effectuer des tâches supplémentaires pour rattraper le retard induit par la dette technique.
41% du budget informatique des entreprises lié au règlement de la dette technologique
Les entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs d’activité ont un coût d’opportunité considérable… Lorsqu’elles consacrent du temps, de l’argent et d’autres ressources à la dette technique au lieu d’innover. “En moyenne, les start-ups consacrent environ un tiers de leur budget informatique au règlement de la dette technique. Ce chiffre passe à 41 % pour les grandes entreprises”, précise également le rapport d’Out Systems. Ainsi, pour son PDG et fondateur, Paulo Rosado, « Mélanger du code à l’ancienne avec la nouvelle génération d’applications mobiles prive les organisations de ressources, de temps et de la capacité d’innover ».
La dette technologique sera-t-elle résorbée par l’accroissement de la digitalisation lié à la crise sanitaire ? Pas le moins du monde, selon M. Rosado. « Ce rapport prouve que la dette technique va continuer à s’aggraver, et nécessite une nouvelle approche pour la dépasser et innover à un rythme et à une échelle permettant un véritable avantage concurrentiel », conclut-il.