Pascal Gayat est un pionnier du marketing digital en France. Il a consacré sa carrière au numérique et s’évertue désormais à transmettre ses compétences et à valoriser les bonnes pratiques. Il a fondé depuis 2017 un ensemble d’évènements dont les Cas d’OR du Digital avec comme objectif de récompenser les acteurs innovants et performants du numérique.
Pragmatisme, rigueur et agilité. Telle est la règle de trois de Pascal Gayat. Il l’a, tout au long de sa carrière professionnelle, suivie et cultivée. Ses débuts furent empreints de curiosité, de volonté d’apprendre mais aussi de transmettre ses acquis via l’audiovisuel et l’événementiel. C’est pourquoi il développa très tôt un intérêt pour le journalisme et en particulier pour la production audiovisuelle. « J’ai suivi un double cursus universitaire en Langues Etrangères Appliquées en misant sur l’anglais et l’espagnol et en Information & Communication. Ce qui m’intéressait à l’origine, c’était de travailler deux langues étrangères dans leur aspect économique et d’étudier les marchés anglo-saxons et hispaniques avec un angle orienté vers le journalisme, avec comme dessein de devenir un reporter international, reporter d’images, dans une logique très agile d’investigation sur des sujets plutôt économiques. » explique-t-il. Pascal Gayat se souvient avoir été particulièrement intéressé par l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans le marché unique européen et s’être interrogé sur leur capacité à « tirer leur épingle du jeu ». L’étude de ce sujet lui permit de percevoir avec une acuité particulière la nécessité de connaître à la fois, l’histoire et la géopolitique de ces deux pays pour comprendre les moyens leur permettant de s’intégrer au marché européen.
En parallèle de ses études, il s’intéressa de près à l’entreprenariat. « J’ai toujours été passionné par le monde de l’entreprise, je lisais beaucoup de livres de patrons d’entreprises. » raconte-t-il. Il apprit à observer et analyser son environnement et cela lui permit de percevoir immédiatement l’essor du numérique, cet « or noir » du 21e siècle. Quand Internet est arrivé, j’y ai mis le pied directement parce que je considérais que tout allait se passer via internet dans les prochaines années. J’étais soutenu par un de mes professeurs de marketing qui en 1994 prédisait que l’entreprise la plus valorisée dans le monde en 2000 ne serait plus une entreprise industrielle mais une entreprise des TIC. » explique-t-il. Lorsqu’il conclut ses études, son idée fut d’aller « vers de nouveaux marchés, vers de nouveaux secteurs d’activités ». À partir de 1995, il alterne entre la création d’entreprises, toujours en se basant sur des études de marché très rigoureuses et pratiques, et les postes de directeur de filiale d’entreprises internationales dans le marketing digital. Il aperçoit régulièrement de nouvelles thématiques et de nouveaux usages du numérique émerger, et les accompagne.
Attachement à la culture scandinave
Ses fonctions l’amènent à réaliser des déplacements dans l’ensemble de l’Europe, de l’Italie à la Suède, de l’Espagne à la Norvège. Ses déplacements dans les pays scandinaves lui ont été particulièrement enrichissants. Son apprentissage de la langue anglaise avec des étudiants suédois lui avait laissé un chaleureux souvenir de cette culture nordique. Il s’est nourri de ses vertus sur le plan professionnel. « En 1995-1996, les premiers pays à avoir adopté le web et à avoir été innovants, c’étaient les pays scandinaves. » rappelle-t-il. Ils parviennent en effet très vite à simplifier le débat technologique, qui a la réputation d’être réservé aux technophiles. Ils sont ainsi parvenus à démocratiser davantage l’usage du numérique. Pascal Gayat s’inspire de cette capacité de synthèse, essentielle pour permettre au grand public de mieux comprendre les enjeux liés au numérique.
Il entretient d’ailleurs toujours des liens très étroits avec la Suède, collabore régulièrement avec les acteurs suédois du numérique et observe attentivement leur capacité d’adaptation aux nouvelles tendances de ce marché en perpétuelle évolution. « Depuis 2015, je suis membre du conseil d’administration de la Chambre de commerce Suédoise en France (CCSF) et je m’occupe des questions liées au numérique dans les relations franco-suédoises. Je suis de très près tout ce qu’ils font en matière d’innovation, que ce soit dans le domaine numérique ou dans d’autres secteurs d’activité ».
2016, année pivot
Pendant 24 ans, il sera véritablement plongé dans l’univers du numérique, ce qui lui permet aujourd’hui d’en connaître parfaitement la chaine de valeur, dans la technique et dans les services et usages. Il raconte n’avoir pas « levé le nez » pendant ces 24 ans. Il est l’un des rares observateurs assidus du numérique. « Il y a effectivement assez peu de personnes sur le marché qui gardent cette position d’observation sur 20 ans et qui sont capables de dire ce qui a été apporté et comment la chaîne de valeur a évolué. ». Il décide toutefois en 2016 de se tourner vers l’évènementiel, percevant la nécessité de récompenser les innovations numériques françaises et européennes. « J’ai pris une première prise de recul fin 2016, j’ai décidé de ne plus diriger de filiales de groupes internationaux. Je voulais me repositionner dans la chaîne de valeur, et en l’occurrence mettre en avant les acteurs innovateurs et performants. J’ai donc commencé à organiser en 2017 des évènements B2B, des soirées avec remise de prix et trophées pendant lesquelles je célèbre les best practices en matière de numérique. » explique-t-il. Il a ensuite créé les Cas d’OR du Digital (www.lescasdor.com). Si son activité s’est arrêtée de manière totalement imprévue à cause de la pandémie de Covid-19, il tente toutefois de s’inspirer de la culture anglo-saxone, qui met en avant la résilience. Il est persuadé qu’il y a toujours dans une mauvaise nouvelle un angle qui permet d’en saisir une opportunité. « Cette période sclérosante nous a permis de réfléchir sur nos vies, sur nos passés, sur nos carrières et sur ce qui pourrait être la vie d’après. » avance-t-il. Surtout, la crise que nous avons traversé a mis en lumière notre dépendance envers les géants du numérique américain et, subséquemment, chinois. Et, grâce aux efforts de Pascal Gayat et de 500 autres experts et autres entrepreneurs qui ont signé une tribune le 9 avril dernier prônant la souveraineté numérique française européenne, cette cause bénéficie désormais d’une plus grande attention que jamais.
Le mot « souveraineté » était avant la crise un gros mot, il ne l’est plus aujourd’hui et Pascal Gayat s’en félicite, considérant à juste titre que cela constitue une « belle avancée ». Il souhaite désormais un réveil des gouvernants européens pour que l’Europe numérique naisse véritablement, et que les dirigeants de grandes entreprises européennes participent dans leur choix d’infrastructures à l’émergence de champions numériques européens.